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Le Grumman F8F Bearcat, affectueusement appelé Bear (Ours), est un chasseur monomoteur embarqué américain des années 1940. Il a servi durant la deuxième partie du XXe siècle, principalement au sein de l'United States Navy. Il fut le dernier chasseur à moteur à piston de la compagnie Grumman.
L'objectif était de créer un avion capable d'opérer à partir des petits porte-avions d'escorte (contrairement à son prédécesseur, le très efficace mais imposant Grumman F6F Hellcat) et dont le principal rôle serait l'interception. Il s'agissait de remplacer l'obsolète Grumman F4F Wildcat, qui opérait toujours comme chasseur de soutien principal à bord des navires d'escorte. Par conséquent, l'équipe de conception de chez Grumman s'attacha à dessiner le chasseur le plus compact et léger possible capable d'accueillir le moteur Pratt & Whitney R-2800, qui propulsait déjà le F6F Hellcat. Comparé à ce dernier, le Bearcat était ainsi 20 % plus léger, "grimpait" 30 % plus vite et était plus rapide de 80 km/h.
En comparaison avec le Chance Vought F4U Corsair, le F8F-1 était légèrement plus lent, mais il restait plus manœuvrable et plus rapide en vitesse ascensionnelle. Son énorme hélice quadripale nécessitait un train d'atterrissage surélevé qui lui donnait une allure facilement identifiable. Pour la première fois pour un chasseur de l'aéronavale, la verrière offrait au pilote une vision à 360°.
Le concept du Bearcat était basé sur l'évaluation par les équipes de conception Grumman d'un Focke-Wulf Fw 190 capturé en 1943 en Angleterre. Les rapports de ses analyses, provenant des équipes d'ingénieurs et des pilotes d'essai1, permirent à Leroy Grumman de stipuler personnellement les caractéristiques du projet "Model 58", le successeur du Hellcat. La firme Grumman ne copia pas le Fw 190 mais s'inspira de sa "philosophie" de conception. Le Bearcat émanant du "Design 58" devait pouvoir surclasser des chasseurs japonais extrêmement manœuvrables tels que le A6M-5 Zero, et pouvoir protéger la flotte contre des attaques kamikazes.
Malheureusement, le prototype se révéla plus lourd que prévu, en raison de son usage sur porte-avions (mécanisme d'appontage et de repliage des ailes, train renforcé, etc.). Les équipes de conception lancèrent des mesures d'"amaigrissement", notamment en l'équipant d'extrémités d'aile détachables. Si l'accélération dépassait 7,5 g, les ailes cassaient net, loin du fuselage, mais l'appareil restait capable de voler et d'apponter. Ce genre de conception fonctionnait très bien dans des conditions en vol et au sol soigneusement encadrées. Mais dans les conditions opérationnelles réelles, en raison des contraintes d'appontage répétées et d'une fabrication des ailes un peu moins soignée en usine, ces ailes avaient tendance à se briser lors des bombardements et des piqués, provoquant le crash. Un système explosif destiné à souffler les ailes au plus loin de l'appareil fut alors mis au point. Cependant, un technicien au sol fut tué par le déclenchement accidentel de ce dispositif. Finalement, les ailes furent renforcées et l'avion limité pour ne pas dépasser 7,5 g.
Le chef du projet Grumman F8F fut le légendaire pilote d'essai Corky Meyer, qui dirigea également les projets F6F Hellcat, F7F Tigercat, F9F Panther, F11F Tiger et XF10F Jaguar. Meyer fut à la tête de la Grumman Flight Operations située à la base Edwards de l'US Air Force, de 1952 à 1956.
Un autre nom célèbre est associé à ce projet : Neil Armstrong, qui répondait immédiatement et assurément "Bearcat" quand on lui demandait quel était son avion préféré. Armstrong reçut sa certification d'entraînement avancé de la Navy à 19 ans sur ce type d'appareil.
Les premiers prototypes furent commandés en novembre 1943 et volèrent moins de 9 mois plus tard, le 21 août 1944. Les premiers exemplaires de série ont été livrés en février 1945 et la première escadrille fut opérationnelle le 21 mai, mais les F8F ne connurent pas le feu de la Seconde Guerre mondiale.
Après guerre, le Bearcat devient le principal chasseur de la Navy, équipant 24 fighter squadrons. Souvent mentionné, comme un des meilleurs (si ce n'est le meilleur) chasseurs à moteur à piston jamais construit. Ses performances étaient telles, qu'il surclassait les premiers avions à réaction. Sa capacité aux acrobaties aériennes fut confirmée par le choix de la Navy d'équiper ses Blue Angels avec des Bearcats en 1946, qu'ils ont utilisés jusqu'en 1950, date à laquelle l'équipe fut temporairement dissoute à cause de la Guerre de Corée. Le Grumman F9F Panther et le McDonnell F2H Banshee ont alors largement remplacé le Bearcat au sein de l'US Navy, leurs performances et d'autres avantages éclipsant définitivement les chasseurs à pistons.
Un exemplaire de série non modifié d'un F8F-1 battu le record de vitesse ascensionnelle en 1946, en montant à l'altitude de 3.048 mètres en 94 secondes (en partant de l'altitude 35 mètres ou 115 pieds). Le Bearcat a détenu ce record pendant 10 ans avant de se faire battre par un chasseur à réaction (qui n'aurait pas pu le concurrencer sur la distance de décollage).
Le Bearcat connut son baptême du feu durant la Guerre d'Indochine. Par un curieux hasard, dans le seul conflit majeur auquel il participa, il ne se battit pas sous les cocardes de son pays d'origine, mais sous celles de la France; et alors qu'il avait été conçu comme intercepteur, il ne livra aucun combat aérien, mais fut employé exclusivement comme chasseur bombardier, rôle pourtant considéré comme secondaire lors de son développement.
Les Bearcat furent cédés par les États-Unis à la France dans le cadre de leur aide militaire, afin de remplacer les chasseurs américains Grumman F6F Hellcat reçus en 1950. Ils furent livrés en deux tranches : une première tranche de 44 appareils en février 1951, puis une seconde tranche de 46 avions en mars 1951. Soit un total de 90 appareils modernes, livrés à Saïgon, dans un laps de temps très court. Le F8F devint l’avion standard de l’armée de l’Air durant la seconde et dernière partie de la guerre, avec 160 machines livrées (sur 197 accordées). Cependant aucun avion ne servit dans la Marine nationale, qui demeura fidèle au Grumman F6F Hellcat jusqu'à la fin de la guerre : aux avions qu'elle avait reçu en 1950, elle ajouta en 1951 ceux cédés par l'armée de l'air.
L'armée de l'Air française n'utilisa pas le Bearcat après la Guerre d'Indochine: Les derniers Groupes de chasse français furent dissous au printemps 1956, les appareils survivants furent cédés aux forces aériennes du Sud-Viêt Nam, nouvelle nation résultant de la dissolution de l'Indochine française et à la Thaïlande.
Les F8F Bearcat sont depuis longtemps populaires dans les courses aériennes. Un Bearcat de série, sponsorisé par Bill Stead, gagna la première course de la Reno Air Race en 1964. Rare Bear, un F8F largement modifié, appartenant à Lyle Shelton, domina les compétitions durant des décennies, souvent concurrencé par un autre pilote de renom, Daryl Greenamyer, lui-même pilotant un Bearcat et détenteur de record de vitesse. Rare Bear est également détenteur de nombreux records, incluant le record mondial de vitesse de 1989 (catégorie moteur à piston) sur 3 km à plus de 850 km/h, et le record de vitesse ascensionnelle en 1972, 3.000 mètres en 91,9 secondes, récupérant le record de 1946 cité plus haut.
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