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Le FMA IAe 33 Pulqui II (en langue indigène Mapuche, Pulqúi: Flèche) était un chasseur à réaction conçu par Kurt Tank à la fin des années 1940 en Argentine, sous le gouvernement Perón, et construit par la Fábrica Militar de Aviones (FMA). Incarnant dans sa conception de nombreux éléments du Focke-Wulf Ta 183, un projet de chasseur non réalisé, la FMA prévoyait l'IAe 33 Pulqui II comme successeur du Gloster Meteor F4 d'après-guerre alors en service avec la Fuerza Aérea Argentina. Le développement du Pulqui II fut relativement problématique et long, avec deux des quatre prototypes perdus dans des accidents mortels. Bien que l'un des prototypes ait été testé avec succès au combat lors de la Revolución Libertadora, les défis politiques, économiques et techniques rencontrés par le projet ont empêché l'IAe 33 d'atteindre son plein potentiel et le gouvernement argentin a finalement choisi d'acheter le F-86 Sabre américain au lieu de continuer le développement du chasseur indigène.
À la fin des années 40, l'Argentine bénéficie du recrutement d'éminents scientifiques et ingénieurs aérospatiaux allemands, fuyant l'Europe après la défaite des nazis et cherchant refuge en Amérique latine. Le premier groupe de ces réfugiés comprenait également le constructeur français Émile Dewoitine, puni en tant que collaborateur dans son pays d'origine, qui dirigeait le programme de chasseurs expérimentaux IAe 27 Pulqui I avec les ingénieurs argentins Juan Ignacio San Martín, Enrique Cardeilhac et Norberto L. Morchio. Le Pulqui I a été le premier avion à réaction conçu et construit en Amérique latine. En 1947, les essais en vol vont révéler que les performances médiocres de la machine ne justifiaient pas la continuation du programme IAe 27.
L'Institut aérotechnique (espagnol: Instituto Aerotécnico), sous la direction de Morchio, persévéra néanmoins dans ses efforts pour construire un chasseur à réaction indigène et, dans un premier temps, tenta de modifier l'avion précédent. Lorsqu'il est devenu évident que le Pulqui I avait peu de potentiel de développement, l'Institut aérotechnique lança une nouvelle étude utilisant le turboréacteur Rolls-Royce Nene II plus puissant. Au début de 1948, l'Institut terminait une maquette de ce qui fut appelé l'IAe-27a Pulqui II. Le dessin comportait des ailes trapézoïdales, avec une flèche de 33°, et utilisait un profil aérodynamique laminaire NACA 16009. Un modèle révisé fut construit plus tard cette année-là avec les ailes déplacées vers le haut du fuselage et un empennage à configuration en T.
Comme Dewoitine, le designer allemand Kurt Tank, ancien directeur technique de la Focke-Wulf Flugzeugbau AG, avait également été embauché en 1947 pour travailler sur un projet de chasseur à réaction pour l'Argentine. Tank, avec 62 de ses compatriotes de chez Focke-Wulf, avait émigré en Amérique latine pour redémarrer sa carrière dans le domaine de l'Aérospatiale. Entré subrepticement dans le pays avec un passeport l'identifiant comme Pedro Matthies, il y trouva un accueil chaleureux et ne garda pas le subterfuge d'une identité secrète. Avec ses anciens employés, il allait jouer un rôle déterminant dans l'évolution de l'Instituto Aerotécnico en une usine d'avions militaires argentins, la Fábrica Militar de Aviones à Córdoba. Tank était à la fois un ingénieur et un pilote d'essai, qui avait conçu le célèbre Fw 190, mais son équipe avait également développé le Focke-Wulf Ta 183, un projet non construit qui avait été déclaré vainqueur du concours pour un chasseur d'urgence en 1945. Le petit chasseur à réaction Ta 183 à aile en flèche, conçu par l'ingénieur de Focke-Wulf Hans Multhopp, n'avait atteint le stade des études en soufflerie qu'avant la fin des hostilités.
Après sa nomination en tant que directeur de projet pour un nouveau programme de chasseurs indigènes, Tank allait adapter la cellule de base du Ta 183 pour y monter le réacteur Nene II, ce qui allait aboutir à un dessin qui ne ressemblait que de très loin à son ancêtre. Le Nene était plus gros, plus lourd et plus puissant que le turboréacteur Heinkel HeS 011 qui avait été prévu pour le Ta 183, et nécessitait donc un fuselage redessiné avec une section transversale plus grande. Ceci était dû principalement à la conception à compresseur centrifuge du Nene, par opposition au dessin à compresseur axial du HeS 011.
En raison de la similitude de l'IAe-27a et de la refonte du Ta 183 par Tank, Juan Ignacio San Martín, le directeur de l'Institut, allait fusionner les deux projets sous le nom d'IAe 33 Pulqui II. Le fuselage dessiné par Tank fut ensuite adapté pour utiliser le train d'atterrissage de l'IAe-27a. Les ailes, dont le dièdre était légèrement négatif, avaient une flèche de 40°, (un angle supérieur par rapport à la flèche du Ta 183). Comme pour le moteur du Ta 183, le Nene était situé à l'arrière du cockpit, près du centre de gravité, la maintenance et l'entretien étant facilités par la possibilité de retrait de toute la section arrière. La cellule comportait un empennage gracieux en forme de T avec une flèche de 50° et le cockpit pressurisé bénéficiait d'une verrière en bulle. Une armure était prévue autour du cockpit et un pare-brise renforcé fut incorporé. La capacité de carburant était initialement de 1.250 litres en interne et de 800 litres dans les ailes. L'armement devait inclure quatre canons de 20 mm en position basse de chaque côté du fuselage légèrement en retrait de l'entrée d'air du réacteur.
Pour prouver la solidité de conception de l'IAe 33, deux planeurs construits sous contrat par un autre expatrié, Reimar Horten, furent construits et utilisés pour des tests aérodynamiques en 1948-1949, y compris des vols par Tank lui-même. Ces tests allaient révéler des problèmes importants de stabilité latérale, entraînant des modifications de la queue avant le début de la construction de deux cellules prototypes. En raison du manque de machines-outils modernes, la fabrication entièrement métallique allait fortement reposer sur des compétences artisanales. Le président Perón voyait les avantages qu'il y aurait à construire une usine aéronautique en Argentine, ce qui aurait permis d'introduire des normes de production comparable aux installations de classe mondiale. Cependant, Tank objecta que les outils de production et les gabarits n'étaient pas réalisables à ce stade et allait plutôt se concentrer sur un mode de fabrication artisanal. La première cellule (n°01) réservée aux essais statiques, serait par la suite détruite volontairement lors des essais.
Le premier des prototypes "volants", IAe 33 n°02, construit en 1950, fit son vol inaugural le 27 juin de la même année, avec le capitaine Edmundo Weiss aux commandes. Lors du deuxième vol, l'ex-pilote d'essai de Focke-Wulf Otto Behrens rencontra de graves problèmes de stabilité latérale à des vitesses supérieures à 700 km/h et revint se poser par mesure de précaution. Atterrissant à très grande vitesse, l'avion allait rebondir avec une force suffisante pour provoquer la défaillance de la jambe de force du train d'atterrissage principal droit. Lors des réparations, afin de corriger les caractéristiques d'atterrissage "délicates", la longueur de la jambe de suspension avant fut augmentée, ce qui eut pour effet de modifier l'angle d'incidence de l'avion, tandis que les amortisseurs ont été réglés pour avoir un plus grand département. Bien qu'elles n'aient jamais été considérées comme suffisantes, ces modifications ont amélioré les caractéristiques de décollage, d'atterrissage et aux basses vitesses de l'IAe 33. Des problèmes aérodynamiques plus graves allaient néanmoins persister lors des essais de décrochage, car l'extrémité de l'aile décrochait avant la racine, entraînant des réactions imprévisibles. On procéda à un changement du dessin du bord d'attaque de l'aile près de la racine, tandis que le gouvernail fut modifié pour tenter de résoudre les interminables problèmes d'instabilité latérale. De plus, la verrière fut renforcée par deux cadres externes et un petit carénage fut installé au-dessus de la sortie du réacteur.
Tank, lui-même un pilote d'essai très expérimenté, allait reprendre le programme de test pour enquêter sur les caractéristiques de décrochage de l'avion. Les changements nécessaires de la cellule prirent plusieurs mois, et le Pulqui II N.02(m) modifié ne put entreprendre son troisième vol d'essai que le 23 octobre. Au cours des essais à haute altitude qui suivirent, à deux reprises, l'IAe 33 allait décrocher sans prévenir. L'ajout de ballast dans le nez de l'avion apporta une solution au problème. Le 8 février 1951, Tank fit une démonstration publique de l'IAe 33 devant Perón à l'Aeroparque Jorge Newbery de Buenos Aires. Le public comprenait également des représentants du gouvernement, des législateurs et le corps diplomatique étranger, ainsi qu'une grande foule de spectateurs. Les IAe 27 Pulqui I et IAe 33 Pulqui II furent montrés en vol pendant la manifestation.
Suite à la réussite des vols d'essai, l'armée de l'air argentine fit une commande de pré-production de 12 IAe 33. En 1951, l'armée de l'air créa une équipe de pilotes pour performer la série des vols d'acceptation. Le premier vol du commandant Soto, le 31 mai 1951, a révélé de fortes vibrations à environ 1.000 kilomètres à l'heure. Tank allait déclarer le seul prototype inutilisable en attendant une enquête sur le problème, bien que cette restriction semble avoir été négligée et que le prototype continua à voler. À la veille de son 28e vol, le commandant Vedania Mannuwal, affecté au programme d'essais, fut avisé de ne pas stresser l'avion, car la source des vibrations ressenties lors du vol précédent n'avait pas été découverte. Déterminé à "améliorer" la récente performance de son chef d'équipe, il allait cependant ignorer les précautions et se mit à pratiquer des manœuvres acrobatiques près de Cordoue pendant son vol de l'après-midi. Lors d'un virage à forte charge, une défaillance structurelle s'est produite, l'aile se séparant du fuselage. Disposant d'un siège éjectable Martin-Baker Mk I, Mannuwal s'éjecta à basse altitude alors que l'avion était en vol inversé. Le parachute ne s'est pas complètement déployé et le pilote fut tué. Le problème du Pulqui II fut attribué à un défaut de fabrication lié à la soudure de l'axe qui fixait l'aile au fuselage. La soudure était une dichotomie dans le processus de fabrication, rendue nécessaire par la rareté des équipements modernes de forgeage et de pressage en Argentine.
La construction d'un troisième prototype (n°03) commença immédiatement après cette tragédie. L'équipe du projet lança un certain nombre de modifications pour corriger les défauts trouvés dans le premier prototype "volant", y compris l'incorporation d'un gouvernail plus grand pour améliorer la stabilité latérale, l'augmentation de la taille du carénage de tuyère et l'ajout d'aérofrein unique monté près de la queue, avec un renforcement supplémentaire de la verrière. La capacité en carburant interne fut augmentée pour étendre l'autonomie de 2.030 à 3.090 kilomètres. Le nouveau prototype IAe 33 effectua son premier vol le 23 septembre 1952, piloté par le capitaine Jorge Doyle. Les essais en vol ont repris bien que l'avion ait été préparé pour une démonstration devant le président Perón le 11 octobre 1952. Behrens, qui devait effectuer le vol, avait des réserves sur les caractéristiques de vol du Pulqui II aux extrêmes de son domaine de vol, les qualifiant de "... le pire que j'aie jamais connu en tant que pilote d'essai". Deux jours avant l'exposition, tout en pratiquant son vol de démonstration, le Pulqui II décrocha à basse altitude et le pilote fut tué dans l'accident qui en a résulté, qui a également détruit le prototype.
En 1953, Tank construit un quatrième prototype (n°04) et, dans une tentative de résoudre les problèmes de décrochage aux angles d'attaque élevés, ajouta des panneaux anti-décrochage sur chaque aile et quatre déflecteurs sur le fuselage arrière. D'autres améliorations comprenaient un cockpit pressurisé et une capacité de carburant supplémentaire. C'était également le premier prototype à être équipé de l'armement définitif à quatre canons Hispano Mark V de 20 mm. Le lieutenant Jorge Doyle pilota le quatrième IAe 33 lors de son vol inaugural le 20 août 1953 et, avec le lieutenant Gonzalez et le lieutenant Balado, commença les essais d'armement en 1954.
Alors qu'une version IAe 33 "tout temps" équipée d'un radar était envisagée, l'armée de l'air argentine étudia un planning pour l'acquisition de 100 Pulqui II, la version de production étant un intercepteur dédié, avec un moteur Nene amélioré, équipé d'une postcombustion, ce qui lui donnait une vitesse maximale prévue de Mach 0,98. Un certain nombre d'acheteurs étrangers avaient également exprimé leur intérêt pour l'IAe 33, y compris les Pays-Bas en 1951 et l'Égypte en 1953, mais le manque d'engagement clair envers une série de production allait entraver les perspectives de ventes à l'exportation, les deux pays ayant finalement opté pour d'autres avions de chasse.
Le projet IAe 33 Pulqui II était inexorablement lié aux machinations et aux fortunes du régime péroniste. Bien que la Fábrica Militar de Aviones ait été chargée de mener à bien les projets d'aviation, l'ingérence politique constante allait contribuer aux retards et au désarroi des programmes d'aviation. De graves problèmes économiques ont conduit en 1951 le gouvernement Perón à utiliser la Fábrica Militar de Aviones pour construire des voitures, des camions et des motos, y compris l'IAME Rastrojero. De plus, l'équipe de Tank n'était pas principalement concentrée sur l'IAe 33, car occupée dans la conception de l'avion polyvalent FMA IA 35 Huanquero (rôles de transport, d'entraînement et de reconnaissance), qui est finalement entré en production à la Dirección Nacional de Fabricación e Investigación Aeronáutica (DINFIA ) (Direction nationale de la fabrication et de la recherche aéronautiques). La décision politique la plus dévastatrice a été de détourner l'ensemble du programme de fabrication "apparemment du jour au lendemain" vers les produits automobiles et les équipements agricoles, fermant essentiellement les divisions de l'aviation. Les projets DINFIA concurrents tels que la fabrication automobile ont permis de drainer davantage les ressources en temps, en argent et en personnel du projet Pulqui II.
Alors que les finances de l'Argentine étaient extrêmement tendues à la suite de la crise économique de 1953, le revers le plus grave du projet est survenu en janvier 1955, lorsque le contrat de Tank a expiré. L'homme aurait demandé presque deux fois plus d'argent pour continuer, mais le président Perón a plutôt annulé son contrat. Malgré quatre années de développement et d'essais, le projet IAe 33 rencontrait toujours des problèmes et son statut restait incertain bien qu'aucune décision finale n'ait été prise d'abandonner un projet qui avait atteint une stature emblématique à l'époque péroniste.
En septembre 1955, le seul prototype Pulqui II restant fut mis en action lors de la Revolución Libertadora, un coup d'État dirigé par le général Eduardo Lonardi contre Perón. Les détails exacts de sa participation sont inconnus, mais lorsque les forces rebelles commandées par Lonardi ont capturé Córdoba comme première conquête, avec les chasseurs-bombardiers Meteor F 4 stationnés à la Córdoba Escuela De Aviación - SACE (École d'aviation militaire), l'IAe 33 a été enrôlé dans la lutte. Après avoir effectué des missions de combat contre des piliers péronistes, il est apparu plus tard dans un survol lors du défilé de la victoire à Cordoue célébrant le triomphe du coup d'État sur les forces loyalistes.
Lorsque la junte militaire est arrivée au pouvoir, le projet IAe 33 fut mis en déroute. Le nouveau gouvernement libéra un grand nombre des principaux membres de la force aérienne; de même, la plupart de l'équipe de Tank fut forcée de quitter l'Argentine, Tank lui-même se rendant en Inde, où il allait travailler pour Hindustan Aeronautics Limited, et a ensuite développé le chasseur supersonique HF-24 Marut.
En 1956, l'armée de l'air, dans un effort pour obtenir un soutien politique, planifia un vol record de Córdoba à Buenos Aires pour démontrer le potentiel de combat de l'IAe 33. Le Pulqui II volerait 800 km, mitraillerait un champ d'entraînement de l'armée de l'air dans le Région de Buenos Aires, puis serait de retour à Cordoue en utilisant uniquement son carburant interne. Le seul équipement à oxygène disponible pour un vol aussi long fut emprunté sur un FMA Meteor en réparation. Le lieutenant Balado accomplit avec succès le vol (y compris la démonstration de mitraillage) à une vitesse de croisière moyenne d'environ 900 km/h, mais le système d'oxygène allait tomber en panne au retour. Le pilote semi-conscient réussit à effectuer un atterrissage d'urgence à grande vitesse, mais le train d'atterrissage se rompit, le Pulqui II dépassant l'extrémité de la piste, ce qui endommagea irrémédiablement l'avion.
Le projet IAe 33 Pulqui II était inexorablement lié aux machinations et aux fortunes du régime péroniste. Bien que la Fábrica Militar de Aviones ait été chargée de mener à bien les projets d'aviation, l'ingérence politique constante allait contribuer aux retards et au désarroi des programmes d'aviation. De graves problèmes économiques ont conduit en 1951 le gouvernement Perón à utiliser la Fábrica Militar de Aviones pour construire des voitures, des camions et des motos, y compris l'IAME Rastrojero. De plus, l'équipe de Tank n'était pas principalement concentrée sur l'IAe 33, car occupée dans la conception de l'avion polyvalent FMA IA 35 Huanquero (rôles de transport, d'entraînement et de reconnaissance), qui est finalement entré en production à la Dirección Nacional de Fabricación e Investigación Aeronáutica (DINFIA ) (Direction nationale de la fabrication et de la recherche aéronautiques). La décision politique la plus dévastatrice fut de détourner l'ensemble du programme de fabrication "apparemment du jour au lendemain" vers les produits automobiles et les équipements agricoles, fermant essentiellement les divisions de l'aviation. Les projets DINFIA concurrents tels que la fabrication automobile ont permis de drainer davantage les ressources en temps, en argent et en personnel du projet Pulqui II.
Alors que les finances de l'Argentine étaient extrêmement tendues à la suite de la crise économique de 1953, le revers le plus grave du projet est survenu en janvier 1955, lorsque le contrat de Tank a expiré. L'homme aurait demandé presque deux fois plus d'argent pour continuer, mais le président Perón a plutôt annulé son contrat. Malgré quatre années de développement et d'essais, le projet IAe 33 rencontrait toujours des problèmes et son statut restait incertain bien qu'aucune décision finale n'ait été prise d'abandonner un projet qui avait atteint une stature emblématique à l'époque péroniste.
Peu de temps après le vol record de Balado, l'armée de l'air argentine allait revoir sa décision d'acquérir la centaine de Pulqui II. Sur la base des pièces de rechange et des composants d'aile et de fuselage disponibles, la Fábrica Militar de Aviones affirma que dix avions pourraient être construits relativement rapidement, mais le reste de la commande prendrait cinq ans. Pendant ce temps, les plans pour un remplacement alternatif de la centaine de Meteor F 4 vieillissants obtenus à la fin des années 1940 qui constituaient l'épine dorsale de l'Armée de l'Air se sont poursuivis, initialement centrés sur l'acquisition de 36 Canadair CL-13B Mk.6 Sabre, une idée qui fut abandonnée en 1956 parce que la Banque centrale n'avait pas été en mesure de fournir les devises nécessaires.
Le Canadair Sabre n'étant plus une option viable, la Fábrica Militar de Aviones envisagea sérieusement de faire entrer le Pulqui II dans sa phase de construction en série. Un nouveau prototype fut commandé en 1957, bien que les États-Unis aient offert 100 chasseurs F-86 Sabre éprouvés avec des moteurs Orenda qui étaient disponibles immédiatement. Le cinquième prototype Pulqui II (n°05), désigné Pulqui IIe, fut construit en 1959 (visuellement identique au quatrième prototype tout en conservant la verrière transparente et sans cadre d'origine) et est entré dans les essais après son premier vol le 18 septembre de la même année, avec le lieutenant Roberto Starc aux commandes. L'évolution continue du Pulqui II avait permis à l'équipe de conception de résoudre son instabilité inhérente aux angles d'attaque élevés, ainsi que d'augmenter la capacité de carburant grâce à l'utilisation de réservoirs d'aile. Cependant, le chasseur était maintenant non seulement considéré comme obsolète, mais aussi politiquement corrompu en raison de son association avec Perón. En conséquence, le gouvernement argentin décida d'annuler le projet IAe 33 au zénith de son développement, en achetant à la place des F-86F-40 Sabre d'occasion aux États-Unis à un prix avantageux en vertu de la loi sur l'assistance mutuelle en matière de défense. Enfin, en septembre 1960, l'Argentine n'allait recevoir que 28 appareils en mauvais état et sans le moteur Orenda promis.
En 1960, après avoir terminé seulement douze vols d'essai dans un nouveau rôle de plate-forme de recherche transsonique, le dernier prototype IAe 33 fut retiré et stocké. Les outillages restants et les cellules incomplètes furent sommairement détruits peu après.
Bien qu'il n'ait pas atteint le statut de production, l'IAe 33 Pulqui II est toujours considéré comme une réalisation aéronautique importante car il a été le premier chasseur à réaction à aile en flèche entièrement développé et construit en Amérique latine et, avec le Pulqui I, a permis à l'Argentine de revendiquer la place de huitième nation au monde à développer une telle technologie. Un avantage tangible à long terme qui peut être attribué au projet Pulqui II a été la création de l'industrie aéronautique naissante en Argentine, désormais restructurée sous le nom de Fábrica Argentina de Aviones.
Après être resté des décennies en exposition extérieure à l'Aeroparque, Museo Nacional de Aeronautica à Buenos Aires, le seul exemplaire survivant du projet IAe 33 Pulqui II est conservé à l'intérieur au Museo Nacional de Aeronáutica de Argentina sur la base aérienne Morón de l'Armée de l'air argentine et exposé, toujours dans ses couleurs et marquages d'origine, aux côtés de l'IAe 27 Pulqui I, deux symboles de "rêves perdus".
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