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Le Fairchild A-10 Thunderbolt II, également connu sous le nom de "Warthog" (en français: Phacochère) est le premier avion américain spécialement conçu pour la couverture aérienne rapprochée des forces terrestres. L'A-10 est un avion simple, solide et efficace, muni de deux turboréacteurs à double flux. Il est capable d'attaquer tout type de cible au sol, en particulier, les chars et les véhicules blindés.
Le 6 mars 1967, l'USAF proposa à 21 constructeurs aéronautiques de lancer une étude pour son programme Attack Experimental (ou A-X) d'avion d'attaque au sol peu coûteux. Six compagnies répondirent à l'appel, dont Fairchild et Northrop, qui reçurent des contrats pour construire des prototypes.
En 1969, l'ingénieur français Pierre Sprey et ses collègues John Boyd, Everest Riccioni et Harry Hillaker, précisèrent les caractéristiques voulues de l'appareil, qui devaient tirer pleinement parti des leçons de la guerre du Viêt Nam, durant laquelle les avions, en particulier les chasseurs-bombardiers AD Skyraider, avaient été durement touchés par les canons de DCA et les missiles sol-air nord-vietnamiens. L'objectif était de concevoir un avion robuste, capable de revenir à sa base même très endommagé, tout en délivrant une forte charge offensive.
Le premier vol du prototype YA-10A de Fairchild eut lieu le 10 mai 1972. Le 10 janvier 1973, l'A-10 fut déclaré vainqueur de la compétition face au Northrop A-9. Les premiers A-10A furent livrés en octobre 1975, à la base aérienne Davis-Monthan, dans l'Arizona. 715 appareils (dont un biplace) furent construits pour l'USAF entre 1975 et 1984. L'A-10 Thunderbolt II a cependant été assez mal accueilli dans les forces aériennes américaines; les membres des états-majors, souvent anciens pilotes de chasse, regroupés dans ce que l'on peut appeler la Fighter Mafia, avaient plus confiance dans les F-15 et F-16, et préféraient donner le travail d'appui des troupes terrestres aux hélicoptères de l'US Army Aviation développés à cette fin, tels l'AH-1 Cobra puis l'AH-64 Apache.
De nombreux appareils ont été convertis en observateurs avancés (OA-10A) par de très légères modifications, cette désignation étant abandonnée dans les années 1990/2000. Boeing, en partenariat avec Korea Aerospace Industries, avait prévu de livrer 233 A-10 avec des ailes neuves entre 2012 et 2018, et prévu qu'ils resteront en service jusqu'en 2040. Mais pour des raisons financières, le département de la Défense des États-Unis tente de le retirer du service. Les déboires de l'AH-64 Apache durant la guerre du Kosovo ont redonné un intérêt tout particulier à l'A-10, malgré son âge avancé. Un programme démarré en 2007, alors que la flotte est à cette date d'environ 350 appareils en service, le modernise entièrement et le fait passer en version A-10C, pour un coût de 13 millions de dollars l'unité.
Depuis le début des années 2010, le département de la défense essaie de le retirer du service pour des raisons financières, son rôle devant progressivement être repris par le F-35, mais le Congrès des États-Unis s'y oppose. Au 30 septembre 2010, 334 exemplaires étaient en parc dans l'USAF. En février 2012 fut annoncé le retrait du service, dans le cadre de fortes réductions de l'ordre de bataille, de 102 exemplaires d'ici 2017, l'immense majorité étant retirée durant l'année fiscale 2013. Au 15 janvier 2014, 202 étaient en dépôt au 309th Aerospace Maintenance and Regeneration Group.
En novembre 2015, 280 A-10C étaient encore en service. Début février 2016, on annonce qu'il ne serait pas mis à la retraite avant au minimum 2022. Un milliard de dollars ont été investis dans la flotte d'A-10, afin de garder celle-ci en état de vol jusqu'en 2028. En juin 2017, il fut annoncé que sa mise à la retraite n'est plus prévue.
Son coût par heure de vol est estimé, en 2016, à 6.000 $.
Dans les années 1970, les militaires américains prévoyaient d'utiliser les A-10, considérés comme la meilleure arme antichar, pour contrer une attaque de blindés soviétiques en Europe de l'Ouest. Il est alors prévu, dans les années 1980, de déployer 68 A-10 sur chacune des six bases opérationnelles avancées en Allemagne de l'Ouest, en cas de guerre avec le Pacte de Varsovie.
Guerre froide
Les états-majors prévoyaient alors que, si les A-10 étaient entrés en action, 7 % des appareils auraient été perdus par 100 sorties. Comme il était attendu que chaque pilote effectue plus de quatre missions par jour, chaque base aurait dû en théorie générer plus de 250 sorties par jour. Au taux de pertes attendu (peut-être sous-estimé), au moins 10 A-10 de chaque base auraient été abattus par jour. À ce rythme, en moins de deux semaines, toute la force d'A-10 de l'époque - autour de 700 avions - aurait été détruite et les pilotes tués, blessés, capturés ou tout du moins très "secoués".
Dans le calcul de la planification d'une éventuelle Troisième Guerre mondiale, on considérait que sacrifier une flotte entière d'avions de combat et tous ses pilotes, dans la poursuite de la destruction de plusieurs divisions blindées soviétiques, était stratégiquement acceptable.
Guerre du Golfe
Engagé par l'armée américaine pendant la guerre du Golfe en 1991, l'A-10 a obtenu un taux de disponibilité opérationnelle de 95,7 %, et a effectué 8.100 sorties de combat. Principale plateforme de tir du missile air-sol AGM-65 Maverick, avec 90 % des tirs effectués, il a montré une grande efficacité en détruisant 1.000 chars d'assaut, 2.000 véhicules militaires et 1.200 pièces d'artillerie. Seulement sept A-10 ont été perdus, ce qui a été très inférieur aux prévisions.
Guerre du Kosovo
L'A-10 a également été engagé durant la guerre du Kosovo en 1999 avec prudence, la politique de l'administration Clinton visant à ne pas subir de pertes. Le terrain encaissé et boisé du Kosovo constituait à coup sûr un environnement beaucoup plus risqué pour un appareil évoluant si près du sol, et qui ne peut ni se camoufler derrière le relief, ni passer sous les radars de conduite de tir aussi facilement que le font les hélicoptères.
Guerre d'Afghanistan
Réemployé avec moins de contraintes durant la guerre en Afghanistan au cours de l'année 2002 lors de l'opération Anaconda, il a connu de nombreux succès opérationnels. Mais il a été écarté de la première partie des opérations aériennes. Certains pensent que le commandement américain hésite à engager l'A-10 ailleurs que sur des théâtres d'opérations où le rapport de forces est dissymétrique, et où les canons antiaériens et les missiles sol-air restent rares.
Guerre d'Irak
Cet avion a encore été utilisé pendant la guerre en Irak en 2003. Sur 60 A-10 déployés durant "l'opération liberté irakienne", un seul a été abattu tard dans cette phase du conflit, près de l'aéroport international de Bagdad. Ils ont tiré 311.597 obus de 30 mm, contre 16.901 obus pour tous les autres avions américains réunis. Les troupes au sol, lors de leurs demandes de soutien aérien, ont explicitement réclamé un A-10 dans 80 % des cas.
Coalition arabo-occidentale en Irak et en Syrie
De 2015 à 2017, il est utilisé dans la lutte contre l'État Islamique et frappe en Irak et en Syrie.
Une variante chasseur de tornade, convertie à partir d'un appareil réformé en 2013, est opérationnelle depuis 2014. En 2011, la National Science Foundation a donné 10,9 millions de dollars américains au Center for Interdisciplinary Remotely-Piloted Aircraft Studies afin qu'elle réalise cette conversion, les travaux ont finalement coûté 13 millions.
Un des grands avantages de l'A-10 est son excellente manœuvrabilité à basse vitesse et basse altitude, et la grande précision de son armement. C'est aussi un avion particulièrement robuste, conçu pour optimiser ses chances de survie.
Les pièces de l'appareil sont facilement interchangeables (gauche et droite), même les moteurs, le train d'atterrissage, les dérives, et les ailerons. Ses turbofans, identiques à ceux du S-3 Viking, sont très écartés, afin de réduire la probabilité d'impacts simultanés, tandis-que la double dérive cache la chaleur des réacteurs aux systèmes thermographiques des armes adverses. La position haute de ces moteurs diminue également les risques d'absorption de corps étrangers quand l'appareil décolle de terrains sommaires. L'habitacle et les systèmes de contrôle vitaux sont entourés par 540 kg de blindage en titane, dont la forme rappelle celle d'une baignoire. Ce blindage est capable de résister à des obus perforants de 23 × 152 mm, voire des explosions d'obus de 57 mm. La partie frontale de la verrière est capable de résister à des impacts d'armes légères de petit calibre et pour éviter les éclats, les parois à l'intérieur de l'habitacle sont tapissées de plusieurs couches de nylon. Tous les systèmes hydrauliques sont doublés de commandes manuelles, pour permettre au pilote de se poser en cas de problème : en l'absence de système informatique, et comme l'appareil est particulièrement stable (à l'exception d'une légère instabilité en tangage), il peut être piloté manuellement, contrairement aux chasseurs actuels, qui sont étudiés pour être instables (afin d'améliorer leur maniabilité en combat serré). Le réservoir de kérosène est protégé par une mousse auto-obturante, qui a la propriété de colmater les trous en interne en cas d'impact. Elle est fabriquée de telle sorte que ce dernier n'explose pas sous les tirs. Le système est complété par deux extincteurs au halon.
L'avionique de bord inclut les communications, des systèmes de navigation inertielle, un contrôle de tir et un système d’approvisionnement des armes, une aide à l'acquisition des objectifs et des lunettes de vision de nuit. L'affichage tête haute (Head Up Display, ou HUD) fournit de nombreuses indications telles que la vitesse, l'altitude, l'angle d'assiette, des informations de navigation ou bien encore l'état des armes. Enfin, des missions de nuit peuvent être exécutées à l'aide de lunettes de vision de nuit dont sont alors munis les pilotes. L'A-10 peut également gérer des systèmes de contre-mesures électroniques sous forme d'un pod externe (voir photo). Le GPS a été installé sur tous les modèles. Bien qu'il ne soit pas équipé à l'origine d'un système autonome de désignation des cibles par laser (sauf pour la version A-10C, dernière livrée, qui peut emporter une nacelle lantirn), il peut par contre détecter le faisceau d'un autre appareil ou d'une équipe au sol via son récepteur AN/AAS-35 Pave Penny, et donc lâcher des armements guidés.
Il peut voler à moins de 300 m d’altitude avec une visibilité allant jusqu'à 2,4 km. Ses décollages et atterrissages courts (au lancement du projet, les exigences pour le décollage sont de moins de 4.000 pieds (env. 1.300 m) à charge maximale, et sa course de décollage avec une charge de 7.225 kg est effectivement de 1.220 m) lui permettent d'opérer à proximité des lignes de front. L'avion peut également utiliser des pistes mal préparées, grâce à un train d'atterrissage robuste et un risque d'ingestion de débris réduit pour les moteurs, du fait de leur positionnement en hauteur.
Le canon
Le canon GAU-8 Avenger de 30 mm peut tirer jusqu’à 3.900 projectiles à la minute (soit 65 obus par seconde). Originellement, il pouvait tirer aux rythmes de 4.200 (haute cadence de tir) et 1.800 coups à la minute (basse cadence). Cependant, la cadence de 4.200 coups par minute a été ramenée à 3.900 coups par minute au début des années 1980, et la cadence de 1.800 coups par minute a été supprimée (il a été jugé inutile de prendre plus de temps pour mettre le même nombre d'obus dans la cible).
Le canon tire un "mix de combat" d'obus à la fois perforants/incendiaires et explosifs/incendiaires, dans un ratio de 5:1, soit cinq obus perforant en uranium appauvri avec pointe gainée au béryllium pour un obus hautement explosif. La munition PGU-13/B HEI (High Explosive Incendiary) est plutôt destinée aux véhicules légers et aux bâtiments, tandis que la PGU-14/B API (Armor Piercing Incendiary) possède une enveloppe légère contenant un barreau d'uranium appauvri. En plus de ses capacités de pénétration (l'uranium a une masse volumique nettement plus importante que l'acier ou le cuivre, de plus il forme sous l'effet d'un fort échauffement compressif à l'impact un mélange eutectique avec le fer dont le point de fusion est extrêmement bas - faisant fondre le blindage d'une cible), le barreau d'uranium appauvri a un pouvoir pyrogène naturel au contact de l'oxygène, ce qui renforce les effets incendiaires du "mix de combat", l'énergie du barreau à la bouche du canon est de 210.000 joules. Enfin, la munition d'exercice PGU-15/B TP (Target Practice), utilisée pour l'entraînement des pilotes, simule le comportement balistique de la PGU-13/B. La portée efficace avec les munitions développées dans les années 2000 est de 3.220 mètres avec une limite de portée d'environ 6 km.
Bien qu'une rafale courte (une seconde) de ce canon comporte au minimum 65 obus, son taux de dispersion assez élevé nécessite de "cribler" la cible d'un nombre beaucoup plus élevé de ceux-ci pour la toucher. Néanmoins, la charge de combat standard de l'A-10 étant de 1.100 obus, celui-ci peut donc tirer un peu moins de 17 secondes à plein débit et a donc la possibilité de "traiter" ses cibles plus longuement que ne le ferait un chasseur (qui ne peut tirer en général que deux à trois secondes au total). Avantage du nombre pour l'un, avantage de la précision pour les autres, les deux s'équilibrent, mais il reste à l'A-10 le fait que ces munitions puissantes soient des "tueuses de blindés" bien que ne pouvant percer le blindage frontal d'un char de combat. Le bruit perçu au sol du GAU/8, très caractéristique et puissant, a un effet psychologique non négligeable, comparable à celui des sirènes des Stuka. La force de recul du GAU-8 est de 45 kN, ce qui est légèrement supérieur à la poussée de l'un de ses deux propulseurs TF34, qui est de 40,6 kN chacun. Malgré cette force de recul très importante, en pratique, l'utilisation du canon ralentit l'avion de seulement quelques km/h.
Enfin, la munition tirée est différente de celle des canons M-230 de l'AH-64 Apache ou 30M781 de l'EC 665 Tigre. En effet, il s'agit d'un obus de 30 × 173 mm pour le GAU-8 et de 30 × 113 mm pour les autres. Celle du Rafale F3 est encore différente, puisqu'il s'agit de la 30 × 150 mm.
On peut voir dans l'A-10 un descendant moderne du Hs 129 de la Luftwaffe ou du Bréguet Br.693 de l'armée de l'air française, dont il reprend l'architecture autour du canon massif.
Armement détailléListe de l'armement de l'A-10C :
Canon
Le canon utilise généralement un mix qui contient 5 munitions API pour une HEI .
Points d'ancrage
L'A-10C dispose de 11 points d'ancrage : 8 sous les ailes, et 3 sous le fuselage, permettant d'ancrer les munitions et équipements suivants :
Nacelles
Roquettes
Bombes non guidées
Bombes guidées
Missiles air-sol
Missiles air-air
Autres
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