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Le Boeing B-17 Flying Fortress est sûrement le bombardier le plus connu et le plus globalement destructeur de la Seconde Guerre mondiale. Il intervint sur tous les théâtres d'opération. 12.731 exemplaires sont sortis des usines Boeing mais aussi McDonnell-Douglas et Lockheed (sous licence).
Boeing commença le travail de conception sur le modèle 299 (XB-17) dès juin 1934. Celui-ci répondait à un cahier des charges de l'armée américaine pour un bombardier à plusieurs moteurs. L'interprétation de Boeing fut un quadrimoteur à grand rayon d'action.
Le 28 juillet 1935, soit un an après, un premier prototype fait son premier vol sur la piste de Boeing. Malgré son crash en octobre 1935, les militaires voient en ce modèle un potentiel important. 13 exemplaires sont commandés pour en faire une évaluation.
Dès 1937 le second groupe de bombardement est équipé de B-17. Le gouvernement américain décida une production massive de cet avion pour assurer le contrôle de ses côtes.
Une nouvelle version B-17C est proposée pour répondre aux problèmes potentiels de l'appareil en matière de défense contre les chasseurs. Plusieurs mitrailleuses sont ajoutées, ainsi que des réservoirs compartimentés, plus de plaques de blindage et des moteurs plus puissants.
Une version B-17D succède à la version B-17C avec, notamment, une paire de mitrailleuses additionnelle, ce qui faisait un total de six mitrailleuses calibre .50 (soit 12,7 mm) et une de calibre .30 (soit 7,62 mm). Seuls 42 exemplaires furent construits, mais tous les B-17C furent transformés en B-17D quand l'attaque sur Pearl Harbor eut lieu en 1941.
Le problème majeur de cet avion, c'est que sa charge "utile" en capacité d'emport de bombes était notoirement insuffisante.(comparativement à un "Avro Lancaster" par exemple, qui, à performances à peu près égales, pouvait emporter environ trois fois plus de bombes)
Les Britanniques souhaitaient acquérir le B-17 car ils se sentaient directement concernés par la tactique nouvelle que cet appareil mettait en œuvre : le bombardement de jour - donc de précision - à haute altitude et hors de portée de l'artillerie antiaérienne et dans des conditions d'interception très difficiles pour la chasse. Finalement à la fin de 1940, les responsables de la Royal Air Force prirent contact avec l'Army Air Corps en vue d'obtenir quelques Forteresses Volantes. Les Américains livrèrent alors 20 B-17C. Après quelques modifications (réservoirs auto obturants), celles-ci furent acheminées par la voie des airs, pilotées par des équipages américains. Des accords spécifiaient que les Britanniques devaient expérimenter les techniques élaborées aux États-Unis et tenir les chefs de l'Air Corps informés des résultats enregistrés. L'escadron 90 de la RAF fut spécialement chargé de cette mission. La RAF voulait retirer le plus grand avantage possible du plafond du B-17 en bombardant de 30.000 pieds, c'est-à-dire 10.000 mètres d'altitude. Les Américains préconisaient 20 à 25.000 pieds, soit 6 à 7.500 mètres.
Et c'est ainsi que le 8 août 1941, un B-17C du Squadron 90 fut attaquée par 3 Messerschmitt Bf 109F du Jagdgeschwader 52 au-dessus de l'île de Texel, au nord de la Hollande. C'était la première fois qu'un B-17 était intercepté par des avions de chasse : les 3 Bf 109F touchèrent bien le quadrimoteur mais sans grand résultat; les mitrailleurs du B-17 répliquèrent de telle façon qu'ils mirent hors de combat les trois assaillants. La Forteresse Volante commençait à établir sa légende. Le 16 août un autre appareil, revenant d'une mission de bombardement sur Brest fut prise à partie par 7 Bf 109 du JG 2. L'avion britannique subit 26 attaques mais criblé d'impacts et avec un moteur en flammes, le B-17 rejoignit quand même le Royaume-Uni et s'y écrasa.
Il y eut encore quelques missions sur la Norvège, avec des succès mitigés mais par la suite l'escadron 90 céda ses B-17C à l'escadron 220 du Costal Command qui les utilisa comme patrouilleurs océaniques. Un détachement partit pour le Moyen-Orient où il obtint d'ailleurs peu de résultats.
Si les B-17C de l'escadron 90 n'infligèrent pas de dommages importants elles n'en furent pas moins utiles aux Alliés où leur utilisation opérationnelle permit de corriger tous les défauts dont elles souffraient lors de leur mise en service actif. Ainsi l'armement et le blindage furent-ils renforcés. Un système destiné à empêcher le givrage des armes et des moteurs fut développé. Et on élabora des équipements pour les pilotes et les mitrailleurs tandis que des observations médicales déterminaient les incidences du vol à haute altitude sur le corps humain.
Les B-17 en MéditerranéeSuite au débarquement des alliés en Afrique du Nord (Opération Torch), des groupes entiers de B-17 alors affectés à la 8ème Air Force quittèrent la Grande-Bretagne pour constituer le noyau de la 12e Air Force placé sous le commandement du Général James H. Doolittle (instigateur et leader du fameux Raid sur Tokyo en avril 1942). En Juin 1942, 7 B-17 arrivèrent des indes en Égypte pour participer à l'offensive (MTO) aux côté de 2 groupes de B-24. La 8ème Air Force délégua elle aussi quelques appareils. D'août 1942 à mars 1943, ces appareils bombardèrent les ports et aérodromes de l'Axe en Tunisie. Quand les Germano-Italiens capitulèrent en mai 1943, la 12ème Air Force fut scindée en 9e (pour le bombardement tactique) et 15e Air Forces (pour le bombardement stratégique).
La 15e USAAF formée le 30 octobre 1943 et activée le 1er novembre de la même année fut constituée dans un premier temps avec 4 groupes de B-17 et 2 groupes de B-24. Quinze nouveaux groupes furent prélevés sur la 8e USAAF, la première sortie eue lieu le 15 novembre 1943 et visait les usines Messerschmitt à Wiener-Neustadt près de Vienne en Autriche. Sur les 112 appareils mis en œuvre, 11 furent perdus mais la ville avait subi les dommages les plus lourds occasionnés depuis le début de l'offensive aérienne stratégique. D'un autre côté, la position géographique privilégiée dont bénificiait la 15e USAAF lui permit d'attaquer les Balkans notamment les gisements d'hydrocarbures de Ploesti, le midi de la France, l'Italie du nord, l'Autriche et même le sud de l'Allemagne. Elle appuya également l'opération "Dragoon" (débarquement allié dans le sud de la France). Dans le même temps les raids répétés contre Ploesti avaient pratiquement éliminé toute production de pétrole. La 15e USAAF se concentra alors sur les fabriques d'essence synthétique établies dans la moitié sud du Reich. Et en quelques semaines, la production d'essence avait diminuée de 50 %. Réputée pour la précision de ses bombardements bien supérieure à celle de la 8th USAAF, la 15e USAAF cessa son action en avril 1945.
De Pearl Harbor à l'Australie
C'est dans la nuit du 6 au 7 Décembre 1941 que le premier Groupe de B-17E appartenant au Bomb Group 7 arrive aux Philippines via Hawaii. Ils atterrissent en catastrophe au beau milieu de l'attaque japonaise sur Pearl Harbour. L'offensive nipponne contre les Philippines se déroula en même temps que le raid de Pearl Harbour. De plus au soir du 8 décembre 1941, des 35 B-17C et D déjà basés aux Philippines, 17 seulement étaient encore en état de vol. Par la suite, ces B-17 portèrent des coups durs aux forces japonaises. Mais à la veille de Noël 1941, MacArthur, devant l'invasion presque totale de l'archipel philippin, ordonna la retraite sur l'Australie.
De l'Australie à Java
D'Australie, les B-17 épargnés furent redéployés à Java afin de combattre l'invasion nipponne. Quelques-uns d'entre eux se distinguèrent en assaillant sans relâche les unités navales au large des Indes néerlandaises, de la Nouvelle-Guinée et dans la mer de Bismarck. Le B-17D Suzy-Q en est le meilleur exemple : il accumula plusieurs milliers d'heures de combat et couvrit une distance de 35.000 miles (56.000 Km). Très sollicitées, les Forteresses Volantes surent également gagner le respect des pilotes de chasse japonais. Au cours de cette campagne, les Nippons ne parvinrent à détruire que 6 B-17 en combat aérien. Mis à part les Zéro, aucun chasseur japonais ne possédait de canon. La plupart étaient équipés d'un armement insuffisant pour avoir raison d'un B-17. Il faut dire que les appareils de chasse Nippons étaient conçus pour le combat tournoyant et ne disposaient ni de blindage ni de réservoirs auto-obturants. Ainsi, un avion japonais atteint aux réservoirs se transformait rapidement en une véritable torche. Les B-17 infligèrent alors des coups mortels aux escadrilles de Zéro. Malgré cela en Mars 1942 les Indes néerlandaises étaient envahies et les Alliés reportaient leurs lignes sur le nord de l'Australie.
L'Institut géographique national français s'équipa après la guerre, en 1947 d'une flotte de 14 B-17 rachetés au surplus pour assurer ses opérations de photographie aérienne. Certains restèrent en exploitation jusqu'en 1975 malgré les difficultés d'approvisionnement rencontrées et dûes à leur consommation: 1000 litres d'essence aviation par heure.
Memphis Belle dont de nombreux films (un premier film documentaire de 1944 et une production hollywoodienne de 1990) relatent l'exploit de réussir 25 missions. Vingt-cinq missions réussies signifiaient pour l'équipage un billet de retour pour les États-Unis. Le capitaine Robert Morgan et son équipage furent les premiers à y parvenir en 1943. Leur 26e mission consista à ramener Memphis Belle aux États-Unis. Cet appareil est aujourd'hui conservé à Memphis.
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